Alphabet, très puissante et peu connue. Si l’on cherche les plus grosses entreprises du secteur des nouvelles technologies, certaines nous viennent rapidement. On citera Microsoft, Apple, Amazon, Facebook, Samsung, Intel…
Peu d’entre nous auraient l’idée d’évoquer immédiatement la société Alphabet. C’est pourtant l’une des sociétés les plus puissantes au monde.
Le nom d’Alphabet ne vous dit peut-être pas grand chose. Les marques Google, Android ou Youtube, elles, vous disent forcément quelque chose.
Petit rappel historique pour tout comprendre. En 2000, Microsoft a subi les foudres du DOJ, le Département de la Justice américain . La société est condamnée (coupable d’abus de position dominante et de violation de la loi antitrust). Le jugement a retenu des moyens illégaux pour maintenir le monopole de Windows et celui d’Internet Explorer, son navigateur. En 2001, Microsoft a pu échapper au démantèlement qui le menaçait depuis plus d’un an ; ce géant de l’informatique a sérieusement tremblé.
Larry Page et Sergey Brin, deux doctorants de l’Université de Stanford vont mettre en place un système de recherche et de classement de pages Web. Ce système de classement (pagerank) est basé sur un algorithme d’analyse de popularité d’une page web. Il prendra en 1996 le nom de Google.
Alphabet, très puissante et peu connue.
La société Google Inc. est créée en 1998, toujours par les mêmes hommes, Larry Page et Sergey Brin.
Va suivre une formidable évolution pendant plus de deux décennies. Entre création et acquisition, la société Google va grossir fortement, rapidement. Elle va devenir l’une des sociétés de l’acronyme GAFAM (avec Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
Microsoft s’est principalement concentrée sur des activités d’édition de logiciels (même si la société travaille aussi sur des secteurs comme la publicité en ligne, le stockage, le Cloud…). Google a souhaité diversifier ses activités, plus particulièrement vers des activités du futur, avec des investissements sur des projets d’avenir. Ces activités ne pourront pas être gérées et financées par la seule société Google Inc.
Nous sommes en 2012/2013 ; un peu comme Microsoft à son époque, Google inquiète de nombreux acteurs économiques et politiques,. La société est jugée très (trop) puissante. Les accusations et les jugements tombent ; condamnation pour atteinte aux droits d’auteurs, à la liberté d’expression, pour abus de position dominante…
Il faut dire que depuis sa création, la société Google n’a cessé de s’agrandir avec des activités informatiques variées. Voici quelques détails :
A cette date, les idées d’orientation industrielle et les projets d’investissement nécessitent de nouvelles structures juridiques. Pour cela, les deux fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, toujours dirigeants, annoncent la naissance de la société Alphabet. Celle société deviendra la maison-mère. Ils deviennent respectivement CEO et président.
Le 2 octobre 2015, Alphabet remplace Google au NASDAQ ; sur le plan fiscal, la maison-mère offre de nouvelles possibilités en matière d’optimisation fiscale. En créant une holding, elle peut séparer les entités les plus rentables et les plus déficitaires. Google pourra investir rapidement ces sommes importantes.
La nouvelle société Alphabet, dotées de moyens d’investissement colossaux, va s’activer dans des secteurs multiples et variés. Entre croissance externe et développement en interne, Alphabet va devenir un leader dans de nombreux domaines. Voici quelques rachats (les principaux uniquement) :
Quelques filiales SONT peu connues du public mais très prometteuses dans le futur. Pour commencer, voici Google W, le laboratoire de recherche en charge de la voiture sans chauffeur Google Car). Google Fiber (construction de lien en fibre optique, principalement des câbles sous-marins), Calico (société de biotechnologies orientée vers la lutte contre le vieillissement), Wing (société de développement de drones, première entreprise à effectuer des livraisons commerciales par drones), Chronicle (spécialisée dans la cybersécurité pour les entreprises), Taara (qui vise à remplacer la fibre optique par des faisceaux lumineux au lieu de câbles physiques), Intrinsic (logiciels de robotique pour les secteurs de l’automobile, de l’électronique et de la santé), Deppmind (spécialisée dans l’intelligence artificielle)…
Qui aurait imaginé en l’an 2000 voir des automobiles autonomes 20 ans après ?
Cette liste est loin d’être exhaustive. Au sein de sa filiale Google X Lab, on parle de plusieurs projets en cours, certains semblant totalement fous : un robot qui reproduit les mouvements d’une personne, un premier cerveau électronique, la création de viande artificielle à partir de cellules in vitro, l’envoi des personnes et des objets dans l’espace, l’extraction de minerais depuis des astéroïdes, la sauvegarde du cerveau avec la possibilité de répondre à toutes les questions grâce à une connexion directe… au moteur de recherche Google.
On comprend bien que la société Alphabet est devenue un groupe très important. Trop peut-être ? Certainement.
Dernièrement, la maison-mère est de nouveau sous les feux des projecteurs… de la justice américaine. La société Google procure la très grande majorité des revenus du groupe. Mais elle est suspectée de profiter de son monopole dans ce secteur pour promouvoir son activité dans la publicité en ligne au détriment des autres acteurs de la publicité, de chercher à s’implanter prioritairement comme moteur de recherche installé par les fabricants d’ordinateurs ou de smartphones, et de “s’allier” à d’autres filiales du groupe pour optimiser encore plus ses services (et donc ses revenus), avec l’appui de l’IA par exemple.
En juin 2021, le Congrès américain (au moyen d’une décision bipartisane, élus démocrates et conservateurs étant décidés à agir ensemble) a déposé six propositions de lois.
Deux propositions pourraient changer l’avenir de ces grosses sociétés :
Les parlementaires américains évoque la scission de ces mastodontes.
Ajoutez à cela une montée générale de l’hostilité face au Big Tech, côté clients ou côté concurrents…
Les juridictions américaines n’ont pas encore acté toutes ces procédures. Mais les grands cabinets d’avocats d’affaires et les lobbyistes sont déjà prêts pour les mois/années à venir…